« Face au recul, nous redoublons d’efforts. »
La déclaration suivante peut être attribuée à Colin Druhan, directeur général, Pride at Work Canada / Fierté au travail Canada :
Ces derniers mois, les médias ont beaucoup parlé d’un petit nombre d’entreprises qui ont décidé d’interrompre leur soutien aux célébrations de la Fierté cette année. La plupart des reportages ont présenté les choses de manière simpliste, sans tenir compte des pressions économiques bien documentées, notamment la récession qui se profile et les répercussions plus larges de l’instabilité commerciale actuelle entre les États-Unis et le Canada.
À la connaissance de Fierté au travail Canada, bon nombre de ces décisions ne sont pas le résultat d’un recul des valeurs, mais plutôt d’une conjonction de restrictions budgétaires et de stratégies évolutives visant à mieux répondre aux besoins réels du personnel bispirituel, queer et trans. Après plus d’une décennie de revendications de la communauté déclarant que « la fierté est une protestation » et que la publicité des entreprises n’est pas toujours la bienvenue, les meilleures entreprises ont compris le message. Certaines ont réorienté leur soutien vers des organisations communautaires axées sur les services, où ce soutien trouve souvent mieux sa place. Quant aux entreprises qui ne s’étaient jamais réellement intéressées à la question, elles ont discrètement abandonné leurs efforts artificiels qui n’avaient de toute façon aucun impact. À celles-ci, nous disons : bon débarras!
Plus récemment, les médias canadiens se sont concentrés sur les difficultés d’une seule organisation de la Fierté en matière de commandites. Cette organisation occupe certes une place importante dans l’imaginaire collectif, en particulier chez les personnes hétérosexuelles et cisgenres, mais son expérience n’est pas représentative de la situation dans son ensemble. Elle n’est pas et ne doit pas servir de baromètre pour évaluer la façon dont les entreprises canadiennes ou le grand public perçoivent les droits de la personne et la dignité des personnes bispirituelles, queers et trans.
Fierté au travail Canada a rapidement élaboré son Guide de communication d’urgence en début d’année, en réponse directe à une vague de décrets présidentiels américains dont les titres, tels que « Défendre les femmes contre l’extrémisme de l’idéologie du genre », ne laissent planer aucun doute quant à leur intention, à savoir démanteler les institutions axées sur l’équité et priver les personnes queers et trans de leur sécurité, de leur visibilité et de leurs droits. Tragiquement, certains médias ont relayé les informations en faisant preuve de la même insensibilité, attisant les divisions au lieu de favoriser la compréhension.
Nous rejetons catégoriquement de tels discours. Les droits de la personne ne sont pas des valeurs d’entreprise facultatives influencées par les tendances politiques : ce sont des obligations légales établies de longue date. Nous refusons de réduire la dignité des personnes à un gros titre ou à un sujet de discussion pour satisfaire la soif insatiable des médias pour les traumatismes de nos communautés.
À ce jour, la majorité des retours que nous avons reçus au sujet du Guide de communication d’urgence proviennent de travailleur·euses individuel·les, et non des entreprises pour lesquelles il a été rédigé. Ces personnes sont très préoccupées par leur sécurité et leur autonomie corporelle. Voilà pourquoi nous révisons et relançons notre guide Connaître ses droits cet automne, afin de garantir que les travailleur·euses en tout lieu disposent des outils nécessaires pour comprendre et faire valoir leurs droits, y compris le droit à la sécurité et le droit de s’exprimer contre l’injustice.
Historiquement, lorsque les institutions font reculer ou nient nos libertés, nos communautés ont dû redoubler d’efforts et se soutenir mutuellement pour faire face à la situation et relever le défi. C’est précisément ce que Fierté au travail Canada compte faire.
Le progrès ne se fera pas à coup de logos arc-en-ciel, mais bien parce que les communautés et les travailleur·euses connaissent leurs droits, se soutiennent et refusent d’être effacé·es.