Célébrer les identités de genre avec Chris Bergeron
La semaine dernière, Chris Bergeron, vice-présidente de la créativité inclusive chez Cossette, a prononce un discours poignant et remarquable lors de l’événement tenu au Musée de la civilisation dans le cadre de l’exposition « Unique en son genre», parrainée par TD. À travers cette exposition, le musée aspire à participer activement aux conversations cruciales, contribuant ainsi à démystifier et célébrer la diversité des identités de genre.
Bergeron a exploré de manière profonde l’influence des ombres qui obscurcissent les communautés queer et trans sur notre perception du monde qui nous entoure. En observant les lieux, nous constatons qu’ils nous sont souvent retirés, laissant de moins en moins d’espace et de soutien pour notre existence. Malgré les défis actuels auxquels nos communautés font face, Bergeron nous a rappelée notre capacité intrinsèque à surmonter la persécution et la discrimination en nous soutenant mutuellement. Notre véritable beauté se manifeste dans notre engagement envers les autres, dans la création d’un soutien familial choisi, dans le respect de nous-mêmes, dans la création d’espaces propices à l’épanouissement des jeunes et de toustes, et plus que jamais, dans l’amour que nous partageons.
Chris Bergeron sur scène au Musée de la civilisation
à Québec le 6 décembre 2023.
Événement mis de l’avant par La Fondation Émergence, le Conseil québécois LGBT, le Réseau des lesbiennes du Québec (RLQ), LSTW, Interligne, Alliance Arc-en-ciel de Québec, Fierté Montréal, ENSEMBLE pour le respect de la diversité, ainsi que Le Réseau interentreprises LGBTQ+.
Vous pouvez lire l’intégralité du discours de Chris Bergeron ci-dessous :
Bonsoir,
Quel plaisir de vous voir ici rassemblé.e.s. On est un peu en famille. Ça fait du bien.
Je dit “ça fait du bien” parce que j’ai l’impression qu’un étau se resserre autour des communautés queer.
On nous aime de moins en moins aux États-Unis, en Angleterre, en Italie, même plus près de chez nous: en Saskatchewan, au Nouveau-Brunswick. On nous aime de moins en moins dans les pages de nos journaux. On ne se reconnaît plus dans les paroles de nos politiciens.
Comme nous sommes loin des années 2000-2020. Ce petit moment de l’histoire durant lequel les droits des personnes 2ELGBTQIA+ progressaient inexorablement un peu partout sur le globe. Nous étions en train de devenir valides. C’était beau à voir.
Mais aujourd’hui, on dirait que nous sommes de trop. Certaines personnes regrettent de nous avoir invitées à leur fête.
On nous dit: “c’est devenu trop compliqué de vous suivre, c’est quoi toutes ces lettres”.
On nous dit: “vous en demandez trop: des droits ET des toilettes”.
On nous dit: “vous remettez en question les fondements de notre société. “
On nous dit: “vous êtes contre-nature. Vous êtes contre la science, ou la biologie, ou la religion.”
Et pire: “vous endoctrinez nos enfants”.
Nous sommes devenu.e.s un problème si épineux qu’il faudrait s’en remettre à des sages. Des sages plus sages que nous, bien sûr. Les adultes vont discuter entre eux. Comme si nous étions nous-mêmes des enfants.
Mais remettre en question la sagesse d’une communauté, c’est l’infantiliser et l’infantiliser c’est la marginaliser.
C’est drôle: tout vaut plus cher dans notre société qui croule sous l’inflation, sauf la parole des queers.
Et pourtant notre parole est belle, et pourtant nous aussi, nous avons nos sages.
Je rêve d’un monde où l’on écouterait notre sagesse. Imaginez ce que nos détracteurs pourraient apprendre de nous.
D’abord: l’importance de la famille, de celle que l’on a et de celle que l’on se construit. Nous sommes des gens de famille, nous savons nous serrer les coudes. Sans entraide nous serions encore toustes pogné.e.s dans nos garde-robes.
Ensuite: le respect des jeunes. C’est étonnant qu’on nous accuse de vouloir corrompre la jeunesse alors que souvent on a nous a voler notre propre enfance. On nous a forcé à vivre caché.e.s. Nous, nous disons plus jamais alors que nos opposants disent encore.
Enfin: l’amour de l’autre. C’est en aimant qu’on apprend à s’aimer. Encore faut-il avoir le droit d’être aimé tel que nous sommes. Nous avons enseigné aux gens autour de nous l’art de nous aimer. Nous avons appris à aimer du même coup. Ceux qui nous haïssent ont l’air bien faibles par rapport à la force de notre amour.
Voilà, tout ça est une question d’amour. L’amour n’est pas une valeur sûre dans notre société, l’amour ne siège pas aux conseils des ministres, aux conseils d’administration des entreprises, l’amour n’est pas coté en bourse. L’amour n’est même pas mesurable. C’est pour ça qu’on dérange.
On fout en l’air les plans les mieux ordonnées de ceux qui ont oublié l’amour dans leurs calculs.
Tant mieux,
Nous, nous continuerons à nous aimer.
Chris Bergeron, vice-présidente de la créativité inclusive chez Cossette
Pendant près de 40 ans, Chris Bergeron a vécu la vie d’un homme hétérosexuel. Dès le début de sa carrière, elle a connu un grand succès professionnel : après avoir été collaboratrice au sein de grandes boîtes médiatiques dont La Presse et Radio-Canada, Chris a dirigé pendant cinq ans le journal VOIR, qui représentait à l’époque le plus grand réseau de magazines culturels hebdomadaires au Québec. Elle a ensuite fait le saut dans le monde de la publicité où elle a occupé le poste de directrice de la création pour de grandes agences. Puis, elle est sortie du placard et a commencé à vivre sa vie authentique en tant que femme trans. Le fait d’être soudainement propulsée dans la réalité d’une minorité visible de genre a profondément transformé sa perception du monde. Au Québec comme à l’étranger, Chris milite pour la diversité, l’inclusion et les droits des personnes trans en partageant son expérience vécue avec le public. Elle intervient fréquemment dans l’industrie de la publicité pour demander une meilleure représentation des minorités. Chez Cossette, elle dirige une équipe multidisciplinaire de stratèges, de gestionnaires communautaires et de créateurs de contenu multiplateforme. Elle fait également partie du collectif de créativité qui s’efforce de repousser les limites de la branche créative de l’agence à son bureau montréalais. Grâce à son regard créatif et stratégique, elle amplifie le potentiel numérique de la clientèle de Cossette. Son portefeuille comprend plusieurs grandes marques, dont McDonald’s du Canada, Destination Canada, l’Alliance de l’industrie touristique du Québec, Tourisme Montréal, Loto-Québec, la SAQ, L’Oréal, la BDC, VIA Rail et Liberté.